mercredi 5 avril 2017

Les Algériens et le dopage (6), La hantise de Bouraâda

Au retour des jeux olympiques de Rio, la collaboration qui liait Bouraâda et Ahmed Mahour Bach a  été rompue. A la surprise générale ! D’autant que la rupture a été à l’initiative médiatique du second. Le coach a avoué sur la place publique, via la presse télévisée, son incapacité à poursuivre sa mission auprès de l’athlète, à le mener plus loin dans la hiérarchie mondiale. Le super-entraîneur d’athlétisme algérien reconnaissait (c’est la stupéfaction du siècle naissant) avoir atteint ses limites et admet l’impossibilité d’apporter à son ex-poulain les moyens indispensables pour franchir les dernières marches de la gloire.

En filigrane, il fallait sans doute apercevoir la fin de la tentative de coup d’Etat mené  contre les instances sportives. Bouraâda, encore une fois, a gardé le silence bien qu’il ait été utilisé comme bélier dans une tentative d’éperonner le mouvement olympique algérien. Il faut reconnaitre que, pourtant, quelques jours plus tôt, alors que la délégation algérienne n’avait pas encore quitté Rio et juste après avoir achevé son décathlon olympique, il avait redressé la tête, fait face.

Sa prise de parole dans la presse officielle, laissait apparaitre pour la première fois que des dissensions traversaient le duo. Bouraâda, dans un contexte différent de celui du stade annexe, totalement ouvert sur le microcosme sportif. Par sa rencontre avec les responsables, il avait découvert qu’il avait été dupé.

Bouraâda, en fin mars 2017, confirma ce que nous avions décelé. La relation n’était plus sereine. L’interview a montré que la dernière année, celle séparant les championnats du monde de Pékin des jeux olympiques de Rio a été marquée par trois moments de tension : les championnats du monde de Pékin, les championnats du monde en salle de Portland et cet avant jeux olympiques qui n’a pas débordé dans la presse. Ce moment de l’interview vient expliquer a posteriori la présence de « Moh » Hocine  dans la délégation algérienne et le rôle qu’il a joué.

Il avait apporté la contradiction aux déclarations de Mahour Bacha. Le sujet de la discordance apparue au grand jour a été celui  de la voiture officielle qui aurait dû l’accompagner pour sa séance de técarthérapie. En s’écartant de la voie que lui traçait antérieurement Mahour Bacha, Larbi Bouraâda montrait l’envie d’emprunter le chemin de l’émancipation. Bouraâda a certainement ressenti qu’il était le dindon de la farce.

Mahour Bacha a été surpris par l’attitude de Larbi Bouraâda d’autant qu’un peu plus tard, l’athlète (en prélude aux déclarations de Toufik Makhloufi sur les responsables sportifs) s’en prenait véhément à la fédération d’athlétisme. Nul ne s’attendait à une telle prise de position.

Dans des déclarations récentes publiées sur un site d’informations générales, Bouraâda est revenu sur l’arrêt de sa collaboration avec Mahour Bacha et de sa présence en France auprès d’un entraîneur français (choisi et rémunéré par le COA ce qui serait à l’origine des atermoiements pour la désignation de son nouvel entraîneur qui selon les vœux exprimés par Mahour Bacha et Amar Bouras auraient dû être ressortissant d’Ukraine ou de Cuba) dans la perspective ambitieuse d’une place sur le podium des championnats du monde de cet été.

Il  y affirme sans circonvolutions langagières qu’il n’avait plus totalement confiance en son coach avec lequel il avait passé de nombreuses années. Depuis son retour après sa suspension, chaque compétition, déclara-t-il, était marquée par la hantise d’être à nouveau contrôlé positivement : « Quand je suis revenu à la compétition, je vous avoue qu’à chaque fois que je subissais un contrôle, je tremblais comme une feuille. Entre moi et mon entraîneur, il n’y avait plus de confiance ».

Nous devons convenir que cette crainte n’a pas été la seule motivation de ce changement. Zahra Bouras, dès les semaines qui suivirent son contrôle positif, avait affronté médiatiquement son ancien entraîneur. A la fin de la suspension, elle s’est exilée dans un club de Constantine, ville natale de son père et a pris une autre licence dans un club du Sud de la France. Sa tentative de reprendre sa carrière sportive n’a pas répondu à ses attentes avec des chronos éloignés des 2 minutes aux 800.


Bouraâda est resté s’entraîner avec Mahour Bacha disposant du soutien précieux du président de la fédération, Amar Bouras.

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