dimanche 2 avril 2017

Les Algériens et le dopage (3), Les rendez-vous de champions

En offrant un stage à son fils, avec l’un des entraîneurs aux résultats indéniables mais suspicieux, Réda Abdenouz fit preuve d’une confiance (confinant à la naïveté, si ce n’est à l’inconscience) envers un entraîneur les plus réputés et les plus recherchés.
La présence de « Mo » Farah a été signalée à Sabadell. Son nom figure, avons-nous précédemment écrit, en bonne place sur cette liste, à la fiabilité limitée car d’origine indéterminée, qui fut diffusée sur le web. Cette liste partagée sur les réseaux sociaux provenait certes de personnes marquantes  de l »athlétisme national parfaitement identifiées répercutant une information sensible à partir d’un pays où se trouvent le maitre manipulateur et ses prétendus épigones.
La présence de « Mo » Farah sur les lieux, au moment de la descente de police à l’hôtel hébergeant le groupe Aden, ne doit pas toutefois pas surprendre outre mesure ceux qui prêtent attention au nomadisme des champions.
 En effet, les champions et leurs cours se retrouvent souvent aux mêmes périodes sur les mêmes lieux d’entraînement. On dirait qu’ils ont pris rendez-vous pour se retrouver réglant ainsi leurs agendas de préparation. En particulier, lorsque ces centres de préparation (le plus souvent en altitude, au Kenya, en Ethiopie, en Afrique du Sud, au Colorado qui sont présentement les régions du monde attractives après que soit passée la mode d’Ifrane et de Font Romeu) ont obtenu une renommée dépassant les frontières et aimantent donc les meilleurs athlètes du monde et les groupes d’athlètes les plus réputés.
Il est, pensons-nous,  indispensable de rappeler qu’il en fut de même pour Toufik Makhloufi qui s’était entraîné (au début de l’année 2012, après avoir quitté le groupe Brahmia) à Iten (un des temples de la préparation en altitude du Kenya détenant la plus forte concentration qui soit en matière de titres mondiaux et olympiques en demi-fond) avec les athlètes d’Aden avant de rejoindre officiellement quelques mois plus tard le groupe.
Le même scénario s’est reproduit au début de l’année 2015 lorsque notre champion olympique s’était entraîné aux Etats Unis avec les athlètes français de Philippe Dupont avant de rejoindre, un trimestre plus tard, le groupe d’athlètes constitué autour du manager fédéral français du demi-fond. On voudrait bien croire à un hasard qui se répéterait.
Un effet de mode ? Sans doute ! Sans écarter une dimension de stratégie fédérale que Mahour Bacha a en partie dévoilée au bénéfice de ses émules. Une sorte de période d’essai avant la contractualisation de la collaboration bénéfique pour tous.
Ce fut aussi le cas précédemment (gardons-nous de l’oublier) de ce même Mohamed « Mo » Farah qui côtoya (à la fin 2014-début 2015) sur les installations de Sulultha, Hamza Driouch qui venait  d’être banni par l’IAAF et qui prétendit pour sa défense n’avoir pas reçu la décision de sanction, isolé qu’il était dans les montagnes éthiopiennes. La différence entre Makhloufi et Farah est que le second est enchaîné conventionnellement au Nike Oregon Project, financièrement et logistiquement plus puissant que la fédération algérienne.
L’explication que donna Farah fut basée sur l’argument de la présence des meilleurs coureurs mondiaux de demi-fond et des conditions offertes par le site. Cette explication (pourtant plausible) n’eut aucun crédit auprès de ses compatriotes. Il leur semblait inconcevable qu’un athlète coaché par Alberto Salazar s’entraîna avec les athlètes d’Aden. De plus, avec un athlète sanctionné.
Nous n’aurons garde d’oublier que le haut niveau est un monde réservé aux professionnels de la course à pied ne s’embarrassant guère de ce genre de détails. Les meilleurs se préparent avec les meilleurs partenaires d’entraînement, fussent-ils leurs rivaux directs. Nous avons vu ce qu’il est advenu des meilleurs espoirs algériens qui servirent de sparring-partners. Déclassés après avoir été usés. 
La thèse des deux cercles que l’on doit à Kyle Barber, nous semble devoir être enrichie par la notion de « guest star », empruntée aux génériques de films, une expression anglo-saxonne réservée aux vedettes du grand et petit écran venant enrichir la distribution, le casting.

A Sulultha et à Sabadell, Mo Farah s’est retrouvé en compagnie de ses pairs. Un statut qui leur sied tant par le niveau de performance à leurs actifs que par la suspicion que l’énoncé de leurs noms déclenche immédiatement dans l’esprit des lecteurs et des auditeurs. 

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