Au niveau
international, trop de signes, trop de commentaires pernicieux laissent penser
à une pratique répandue du dopage dans le pays. Le trio d’athlètes (Megdoud,
Bouras, Bouraâda) dont le contrôle positif précéda de quelques semaines la
médaille d’or surprise remportée par Toufik Makhloufi aux jeux olympiques de
Londres, ainsi que la proximité du champion olympique avec Aden, influencent
(il ne faut pas se voiler la face) négativement l’idée que l’on peut se faire (en
dehors de nos frontières) de la respectabilité de l’athlétisme algérien.
Pour en revenir à
Samira Messad, il est indispensable de noter que l’athlète est connue dans la
famille de l’athlétisme depuis 2003. Cette année-là, alors qu’elle fait partie de la catégorie des minimes, elle
est retenue dans la sélection nationale des « cadettes
scolaires » qui se rendit aux championnats du monde de cette
catégorie. La pentathlonienne était en gestation. Elle concourut dans l’épreuve
du lancer du poids.
C’est également en
cette année 2003 que décède (d’un cancer) son père (pompier de profession) la
laissant seule avec sa mère, une femme au foyer (aujourd’hui diabétique)
et son frère aîné, employé au marché de
gros de Bejaia selon des horaires impossibles, inconcevables pour un
citoyen lambda: du milieu de la nuit au milieu du jour. Il faut bien
survivre !
Quand nous écrivons
qu’elle présente le profil type du dopé algérien, nous ne sommes pas loin de la
réalité. Elle possède quelques-unes des caractéristiques faisant le profil connu
d’Ali Saidi Sief ou celui de Larbi Bouraâda : une scolarité inaboutie
conclue par une orientation précoce vers la vie active accompagnée par une
précarité sociale aigue dans un environnement décourageant les meilleures
volontés et, dans une forme de compensation, une incroyable volonté de réussir,
de s’en sortir.
Ces deux éléments du
profil établissent également un lien avec la championne olympique et du monde
du 1 500 mètres, cette Hassiba Boulmerka (dont nous parlerons plus loin) et que
l’on ne peut évidemment pas associée à ce duo d’athlètes attrapés par la patrouille
de lutte contre le dopage.
Bien que soupçonnée de
faire partie de la cohorte des athlètes peu respectueux de la réglementation en
la matière, la carrière sportive de Hassiba Boulmerka n’a pas été impactée par
un contrôle positif. Nous ne devons pas écarté de notre réflexion que le milieu
dans lequel elle a évolué, dès son arrivée dans le groupe pris en charge par la
fédération, prédisposait à la
propagation de telles rumeurs.
Hassiba Boulmerka est
apparue dans la vie de Samira après que cette dernière eut purgé la peine d’une
année de suspension que lui infligea le CNAD (l’agence algérienne de lutte
contre le dopage). Ce fut peu de temps avant que Samira Messad ne soit informée
que la sanction précédemment prononcée avait été aggravée et portée à 4 ans.
Comme Hassiba, Samira
Messad est une femme forte. Une femme de caractère qui ne donne pas
l’impression de se laisser marcher sur les pieds. Une femme dans laquelle nous avons
retrouvé la Hassiba de ses jeunes années, des années 80, quand l’athlète de Labed
Abboud était mésestimée, méprisée, marginalisée, ne faisait pas partie des
plans de la fédération. Comme Hassiba, Samira vient des milieux défavorisés.
Avec les qualités et les défauts qui vont avec.
En jeunes catégories,
les résultats de Samira Messad sont prometteurs. Malgré la précarité sociale, elle
progresse et collectionne des sélections nationales.
En 2008, âgée à peine
de vingt ans, à cet âge que l’on dit ingrat, celui qui vit Hassiba prendre son
envol en quittant Constantine pour Alger, délaissant Labed pour Bouras, le fil
de la progression de Samira Messad est interrompu par une blessure sérieuse au
tendon d’Achille puis par une hernie discale. Elle ne réapparaitra dans les
bilans qu’en 2012 avec une citation à l’heptathlon. Avec un total de points
très modeste. Le récit qu’elle fait de cette période est difficile à
comprendre. Elle dû y faire face seule ou presque. Des anges gardiens surent
lui insuffler la force de résister.
A l’entendre parler, par
moments, nous avons ressenti un très fort sentiment de ressemblance avec les
discours que tenaient la Hassiba des années antérieures à la « migration
sportive ». Une force de caractère inouïe. Un tempérament que
forgent les difficultés de la vie.
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