dimanche 16 avril 2017

Les Algériens et le dopage (10), Paroles de femme

Tout en menaçant Bouraâda d’avoir à faire à la justice, de le retrouver dans un prétoire au cas où…. Ahmed Mahour Bacha précise qu’il n’engagera les actions envisagées qu’après avoir « regarder l'émission complète ». Au moment où il tient ces propos, il n’en a vu qu’un extrait qui lui a été adressé par la chaîne de télévision. Une séquence, un lien qu’il s’est empressé de partager sans délais sur son mur Facebook.

Mahour Bacha - en apprenant que Larbi Bouraâda a pris la parole, a accordé une interview à une chaine de télévision privée dérangeante dont il sait qu’elle est à la recherche perpétuelle de scoops, d’une amélioration constante de son audimat - a pris les devants. Evidemment, il  sait mieux que quiconque ce qu’il sait et ce qu’il a fait.

Il sait ce que nous ne savons pas et que de nombreux indices permettent pourtant de supposer. D’ailleurs, Zahra Bouras avait été loquace dès son retour des championnats d’Afrique auquel elle n’avait pu prendre part car la sanction de suspension l’avait suivie jusqu’au cœur du continent. Elle avait immédiatement réagi en l’incriminant.

Alors que Mahour Bacha tempête et menace, l’interview montre que Bouraâda a déjà tourné la page. Mahour Bacha représente un passé qu’il voudrait dépasser, oublier si cela était possible. Bouraâda ne renie cependant pas son passé. Il montre qu’il n’est pas amnésique, et n’est pas, contrairement aux accusations portées contre lui, ingrat. Il connait ce qu’il doit à son ex-coach. En bien et en mal. Nietzche n’est pas bien loin.

Les regards et les espérances de Bouraâda sont dirigés vers la première quinzaine du mois d’août, vers le podium des championnats du monde de Londres devenu son challenge personnel après avoir été celui prescrit, défini, déterminé par d’autres.

Bouraâda se voit sur le podium des championnats du monde de Londres. Un podium que Mahour Bacha et Bouras (en tant que représentant de la FAA) lui donnait déjà pour les jeux de 2012 (disputés dans cette même capitale britannique), ensuite pour les championnats du monde de Pékin (2015) et enfin pour les jeux de Rio (2016).

Un podium  qui redorerait son histoire, son blason terni. Une médaille qui amplifierait une popularité momentanée, virtuelle, fabriquée. Une notoriété qui fut propulsée, boostée par les médias alléchés par les scandales qui en ont fait le « meskine », l’opprimé par le système alors qu’il est le produit d’une autre face d’un système, ou plus exactement une facette d’un autre système (d’une structure informelle) évoluant parallèlement à l’éthique. Bouraâda s’est tu pendant cinq années. Il continuera à se taire. La gloire (certes éphémère) est à ce prix. Ainsi que les retombées qui vont avec.

Toutefois, la vérité, une vérité, SA vérité sur cet épisode sera connue sous peu. « Si Dieu le veut ! », diront les partisans du « mektoub », de la Destinée et ceux qui voudraient la perte de Mahour Bacha. Certainement, prédisent les derniers, dans quelques mois, après les épreuves sportives de Londres. Sa parole sera certainement auréolée d’une médaille. Elle aura alors une portée planétaire. Les liens qui l’asservissent auront été déliés.

Si Bouraâda est atteint de mutisme, il n’est pas aveugle, ni sourd.  Il sait qu’il détient des informations qui pourraient intéressés des amis qui lui veulent du bien. En quelques mois, certainement avec l’aide de ses nouveaux parrains, ses yeux ont été décillés. Il comprend mieux la valeur des informations qu’il détient. Avant même que Mahour Bacha ne l’ait menacé, il a brandi l’idée de tout dévoiler, de s’adresser à la justice. A armes égales !

 A la fin de l’été, à la fin de la saison d’athlétisme  nous saurons alors ce que vaut réellement la parole d’une jeune femme qui a su se libérer de toutes les attaches et toutes les entraves qui lui ont été imposées à la fois par son entraîneur et par son père, ami de son entraîneur.


Mahour Bacha, après avoir menacé (tel Zeus brandissant la foudre) s’est rendu compte qu’il ne risquait rien. Il s’est expatrié en quête des pétrodollars remplaçant ces euros dont on dit qu’il est friand ainsi que d’une omra purificatrice, selon l’expression des dévots de tous bords..

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