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l y a quelque temps, nous
avions incidemment signalé la participation de deux athlètes féminines de
demi-fond à des compétitions françaises alors que sur le territoire national
étaient organisées des cross-countries inscrits au challenge national de la
disciple. Un challenge richement doté par des sponsors ayant bien voulu
accompagner l’athlétisme dans son essor matérialisé par la réussite de Toufik
Makhloufi auréolée par le titre de champion olympique du 1 500 mètres et des performances
chronométriques rapportées par la presse.
Des sponsors dont la contribution financière correspond
approximativement au tiers du budget de la fédération. Un apport qui assure
globalement le coût des compétitions sur route et les cross-countries et en
particulier le chapitre consacré aux primes de résultats correspondant, pour
une seule course et pour le vainqueur, au salaire mensuel d’un cadre de
l’administration ou d’entreprises publiques (médecin, ingénieur).
Si la participation d’une des athlètes valait la peine du déplacement
(il s’agissait d’un cross regroupant l’élite française) et permettait une
confrontation avec une concurrence de niveau égal ou supérieur à celui de
l’Algérienne (elle domine très largement ses compatriotes et n’est que très
rarement mise en difficulté), la présence de la seconde à une compétition de
club prêtait à équivoque. Si ce n’est que le cross était organisé par le club
dont elle est membre.
On peut supposer qu’en contrepartie de la délivrance d’une licence (et
subsidiairement de quelques autres avantages), elle fut dans l’obligation
d’accepter quelques conditions dont la présence à des courses importantes aux
yeux des dirigeants du club et pour le club lui-même (position dans la
hiérarchie des clubs français), à des actions de promotion. Licenciée dans un
club de la région marseillaise, on comprend mieux qu’elle ait pu concourir (en
prélude aux campagnes internationales, aux championnats arabes, d’Afrique,
etc.) dans quelques meetings français de bon niveau disséminés dans tout
l’hexagone qui obtiennent médiatiquement parlant le statut de meetings
internationaux alors qu’ils ne sont que des meetings nationaux à participation
internationale……détournée. Des meetings dénués de la reconnaissance
officielle accordée par les labels
concédés par les confédérations et à un niveau plus élevé par l’IAAF (World
challenge, Diamond League). Les athlètes sont effectivement de nationalité
étrangère (les athlètes algériens, marocains, tunisiens, djiboutiens, etc. sont
concernés par cette pratique) tout en étant français du point de vue de
l’administration sportive car détenteurs d’une licence française.
Ce qui semblait être un épiphénomène de l’athlétisme algérien moderne
est en réalité un fait bien installé dans les mœurs actuelles. Son importance a
été dévoilée par la FAA, via sa page Facebook, médiatisant les résultats des
athlètes algériens ayant participé aux interclubs français. Une participation
qui fut certes bénéfique pour quelques athlètes ayant décroché les minima de
participation à quelques championnats internationaux (méditerranéens des U23,
d’Afrique).
Comme par hasard, le même week-end, était organisé à Constantine, un
challenge de demi-fond, organisé par le club créé par Hassiba Boulmerka, la
championne du monde et olympique du 1 500 mètres, native de la ville. Un
meeting voulant promouvoir les courses de demi-fond dont elle fut un temps la
reine mondiale. Un meeting en butte à mille tracasseries dont le désintérêt des
autorités locales, l’impuissance de la ligue et le dédain de la fédération. Une
compétition dont l’édition 2015 ne fut pas aidée financièrement par la FAA et
dont la composition du tableau des
concurrents fut perturbée par l’indisponibilité (avec la bénédiction fédérale) des
meilleurs athlètes algériens lesquels s’étaient envolés, comme un vol de
moineaux, le printemps venu, pour écumer
les courses françaises et européennes.
L’athlétisme algérien, malgré les apparences, est déstructuré. Le rôle
attribué par les pouvoirs publics en matière de régulation, organisation,
promotion, développement de la discipline a été oublié. Le slogan de liberté
fondé sur l’individualisme forcené a pris le pas et s’est mué en un autre qui
fait appel à la débrouillardise, le moteur des pratiques informelles qui minent
le fonctionnement normal de la société. Le comité olympique prend en charge les
minimes et cadets (jeux de la jeunesse obligent) et l’élite nationale concernée
par les jeux olympiques. Les clubs, autant que faire se peut, avec toutes
difficultés résultant de la faiblesse des subventions et de l’absence de
sponsors, de l’entre deux. Quant à la fédération, elle s’occupe principalement
des courses sur route. Avec un budget de 27 milliards de centimes.
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