N
|
ous
délaissons, le temps d’une chronique, l’athlétisme pour le royaume du football.
Un sport où les frasques idéologiques et discursives des dirigeants de la
discipline sont aussi inénarrables que celles des entraîneurs et des dirigeants
de la première discipline olympique dont on sait, par les informations qui
parviennent régulièrement que c’est devenu, au plan planétaire et national, un
véritable chapiteau de cirque. Une pratique sportive du très haut niveau qui
porte atteinte à son propre intégrité avec ces affaires de dopage et de
corruption (dévoilées ou suspectées) visant de nombreux pays (Russie, Kenya,
Ethiopie, Maroc, Turquie, Jamaïque, Italie) collectionneurs de médailles.
On sait que,
depuis des années, dans l’univers de la FIFA, le football de l’échelon le plus
élevé de l’élite n’a plus rien qui le rattache au mouvement olympique. Sport
professionnel, il a perdu de vue les valeurs prônées par les rénovateurs
anglo-saxons et français de ce mouvement porté à bout de bras par la figure
emblématique que fut le baron Pierre de Coubertin.
Dans un
univers marqué par la lutte des classes, le sport n’était qu’un hobby, un jeu
réservé aux aristocrates et aux riches pouvant le pratiquer sans nuire à la
qualité de leurs vies. Le reste de la société était plutôt occupé à bloquer les
coups d’un match pour la vie.
L’histoire
de l’olympisme a enregistré que les grands champions, recrutés parmi les
déclassés, serfs des temps modernes, passant des champs de céréales aux champs
de bataille puis aux usines abrutissantes mises sur pied en application de
l’organisation scientifique du travail (OST), avec en tête de file le
taylorisme et le fordisme, poursuivirent leurs carrières sportives comme
saltimbanques.
Jim Thorpe
(l’Indien d’Amérique), Ahmed Bouguerra El Ouafi (« poilu »,
combattant de la première guerre mondiale, de la guerre de 14-18 venu de sa
Biskra natale dont il avait abandonné
les palmeraies) s’exhibèrent, au sens propre du terme, dans des cirques,
courant contre d’autres êtres humains rémunérés pour cela et contre des animaux,
épluchant, au fil des défis, la ménagerie échappée de l’arche de Noé.
Longtemps
amateur, le football national s’est lancé dans la voie d’abord du « professionnalisme
marron » puis du « professionnalisme d’Etat »
et enfin d’un professionnalisme libéral si débridé que les dirigeants en ont
perdu le sens des réalités. Avec tous les travers, les conséquences négatives
qui l’accompagnent, la balle aux pieds algérienne a rejoint le grand cirque
Amar, errant chaque semaine d’un stade à un autre, plantant chaque semaine son
chapiteau dans un des centres de la Grande Comédie.
Le CIO,
organisateur de ce Barnum que sont les jeux olympiques à la mode capitaliste,
révolutionné par l’intrusion de l’argent, tente en dépit de tous les scandales
de corruption qui l’agite régulièrement (au même titre que la FIFA) de
conserver quelques-unes des idées fondatrices du mouvement résumées également
dans le triptyque d’une seule action, d’un seul lieu, dans un seul temps qui
régit ce théâtre classique dans lequel Corneille, Racine et aussi Molière sont
les facettes les plus connues (gageons que s’ils étaient de ce temps, en tandem
avec William Shakespeare et Miguel de Cervantès, le captif des successeurs des
frères Barberousse fondateurs de la Régence d’Alger, ils auraient su puiser
dans les déraisons affichées chaque semaine l’inspiration pour nous offrir des
Hamlet, Tartuffe et autre Don Quichotte de la Manche ou de sublimes
marivaudages des temps présents.
Le
président de la fédération algérienne de football n’a pas trouvé mieux que de
s’offusquer des conditions d’hébergement et de restauration proposées dans les
villages olympiques que les footballeurs algériens n’ont pas eu l’insigne
honneur de visiter depuis 1980. En fait, il a été horrifié par la promiscuité
relative et la chaîne à subir et à respecter aux restaurants olympiques. Un
mode de vie que nos Espoirs (ces U 23 élevés au rang de demi-dieux, riches à
millions versés avec retard) proposant des conditions et des règles de vie en
commun qu’ils n’ont jamais connu puisque la grande majorité d’entre eux a zappé
les années lycée et les bancs de l’université.
Pour ceux
que la grande majorité des amateurs de beau football appellent « Karryin
maïze » (renvoyant, dans sa traduction en langue française de
« pieds de chèvres », aux adeptes de Bacchus et aux bacchanales),
ils sont - il est vrai si chouchoutés par une fédération croulant sous les
milliards au point de refuser la subvention étatique - plus accoutumés au luxe
des hôtels de très haut standing qu’aux camps de vacances et à la précarité de
leurs compagnons d’une quinzaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire