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ahra Bouras ne connait pas
qu’un seul exil. S’étant éloignée sportivement de l’athlétisme algérois où elle
fit ses premiers pas. Délaissant ce
microcosme, ce milieu sportif (où les conflits, les querelles sportives sont
légions) qui la vit grandir jusqu’à atteindre l’équipe nationale et participer aux
compétitions internationales, elle rejoignit sportivement d’abord la terre dans
laquelle s’enfonce ses racines familiales. Avant de s’éloigner encore plus loin
vers les terres septentrionales que l’on dit si accueillantes pour les
personnes en perte ou en quête de repères.
Elle a rejoint (à moins
qu’elle ne l’ait précédée) la cohorte des bons athlètes algériens qui - pour
pouvoir sillonner à leurs aises le territoire hexagonal, à la recherche de
compétitions où ils puissent exposer et exploiter à bon escient leurs talents -
sont signataires dans des clubs français.
Dès qu’elle a été autorisée à fouler à nouveau les pistes
d’athlétisme, sa suspension consommée, elle s’engagea donc avec l’ACS Bounouara
et ensuite avec le SCO Sainte Marguerite, à proximité de cet aéroport de
Marseille, un des lieux privilégiés par ceux qui considèrent la métropole
méridionale comme une excroissance du pays. Un club qui regroupe quelques-unes
des meilleures athlètes féminines de demi-fond français. Ceci pour dire qu’elle
sut quand même choisir où mettre les pieds. La preuve également que ce second
exil a été mûrement réfléchi.
Depuis ses contrôles positifs, la vie de Zahra n’est pas idyllique.
Son nom est maintenant associé indéniablement à cet acte de tricherie à la morale
sportive que ni elle ni ses proches n’ont voulu assumer. Comme tous les
tricheurs d’ailleurs. Mais là n’est pas le plus important depuis qu’elle a payé
sa dette à la société sportive. Bien que sa réputation en pâtisse. Pour
longtemps et toujours. Là-bas au moins, elle retrouvera la solitude du coureur
de fond.
Le vent a tourné laissant le malheur derrière elle. Nous l’avons vu
son exil constantinois a permis à un club méconnu et à une commune quasi-inconnue
de trouver une certaine notoriété et surtout une aisance (financière et
matérielle) inespérée. Son retour à la vie sportive a aussi permis aux athlètes
algériens de formaliser officiellement leurs statuts d’athlètes autorisés à
bénéficier de la double licence sportive. Une en Algérie et une autre en Europe.
Une sorte de régularisation de situation administrative et sportive.
Jusqu’à son retour sur les stades, quelques athlètes étaient déjà
intégrés dans ce système des doubles avantages. Une organisation baignant,
comme il se doit dans la société algérienne, dans l’incognito, l’informel qui
nous sied si bien. Une organisation s’appuyant sur « le ni vu ni
connu ». L’officialisation de la double licence n’a rien changé.
Elle renvoie encore et toujours au sens de la débrouillardise et aux réseaux
personnels. Aux liens qui se tissent au fil du temps, des stages et des
compétitions patronnées par la « fédé ».
L’officialisation n’a rien amélioré. Elle a seulement donné une
couverture juridique et médiatique au phénomène qui prend de l’ampleur. Un fait
de la société athlétique algérienne dont les liens avec la fédération sont si
ténus que les performances réalisées à l’étranger n’étaient pas enregistrées
par elle. Zahra Bouras en fut, l’année dernière, l’exemple marquant. Son
meilleur chrono de l’année sur 800 mètres n’était pas connu à l’heure de
l’officialisation du classement annuel qui ne retient que les 10 meilleurs par
épreuve, le fameux « Top 10 ».
C’est grâce à Zahra Bouras, encore et toujours, ou plus exactement à
cause de l’impair commis (par la commission des statistiques) en ignorant la
meilleure performance de la fille du président, que la participation des
athlètes algériens à des compétitions de second ordre (dans la classification
des compétitions françaises) bénéficie d’une certaine médiatisation. Par
réseaux sociaux interposés qui, ces derniers temps, proposent les « start-list »
avant le déroulement de la compétition et les résultats après.
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