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n reprenant sa carrière
sportive, à l’issue de la suspension de deux années pour dopage prononcée à son
encontre, Zahra Bouras a été amenée à prendre (on ne sait si c’est de son plein
gré ou contrainte et forcée par des considérations qui la dépassent) une
décision extrême : celle de l’exil sportif. Un exil consistant à prendre
une licence à plus de 400 kilomètres des lieux où elle grandit, où, selon
l’expression très sportive d’ailleurs, elle a ses marques. Elle s’est retrouvée
dans un petit club quasiment inconnu (au moment où elle y atterrît) sur la
planète de l’athlétisme algérien. Dans un petit village que l’on aurait de la
peine à situer sur une carte géographique si ce n’était l’aide des instruments
de géolocalisation, de "Google Maps" ou de "Google
Earth". A la condition expresse que l’on ait le souhait de
localiser la localité.
D’ailleurs, comme pour
brouiller les cartes déjà bien mélangées en prélude d’une partie de poker, le
club ne porte pas le nom de la commune de référence. Il (le nom du club) renvoie
à un lieu-dit perdu au bout du monde (ou presque) qui prend de l’importance
depuis que Sonatrach (la compagnie nationale pétrolière qui subvient et
pourvoit à tous les besoins de la nation) y a installé un important centre de
distribution de ses produits.
Le hasard fait toujours bien
les choses. La prise de licence se déroule, comme il se doit, dans l’anonymat le
plus complet au cours de ce qui, à ce qui se dit, d’une réunion tripartite
regroupant le club, la ligue et la fédération. Une formalité à accomplir. Sauf
que pour Zahra, elle s’est accompagné d’un tintamarre médiatique qui ne s’est
pas focalisé sur la signature du document proprement dit mais sur ce qui
pourrait être une de ces mesures d’accompagnement qui enrichissent (selon les
descriptions faites par la presse et les chroniques judiciaires) la passation de
marchés et/ou de conventions.
A l’époque où Zahra Bouras
prend licence à l’ACS Bounouara, il est organisé, sous l’égide de la fédération
algérienne d’athlétisme présidée par Amar Bouras, la première édition de la
course sur route d’Ouled Rahmoune clôturant, en fin d’année 2014, le challenge
national de courses sur routes. Une course qui concurrence (à la même date)
l’étape inaugurale du challenge national de cross-country programmée à Bordj
Bou Arreridj. Nos amis de l’athlétisme algérien ont certainement conscience que
ces deux courses (dont l’une qui ne figurait pas initialement au programme
fédéral) se partage le même bassin, le même réservoir de coureurs. Incidemment,
pour bien corser l’affaire, le président de la FAA rehausse de sa présence la
course sur route d’Ouled Rahmoune. Il confirme ainsi ses discours axés sur les
courses sur route en tant que moyen de promotion de l’athlétisme. Et derrière
lui, comme une meute, la presse fait son métier en médiatisant un village très
peu connu.
En retrouvant les labours et
les pistes d’athlétisme, Zahra Bouras est devenue (ou redevenue) une
professionnelle de la course à pied.
Elle serait bénéficiaire d’une indemnité équivalente, selon des proches du
club, à la rémunération confortable d’un diplômé de l’enseignement supérieur.
Une de ces indemnités que le ministre de la jeunesse et des sports (appliquant
la loi) a voulu interdire avant que n’intervienne le tollé des dirigeants du
mouvement sportif national. Dans le landernau athlétique constantinois (l’ACS
Bounouara relève de la ligue constantinoise d’athlétisme), essentiellement
parmi les entraîneurs écœurés, ce recrutement a fait polémique. La jeune femme
ne dérange pas. Elle est plutôt sympathique. Mais le contexte n’est pas propice
avec deux faits antagonistes: l’arrivée d’une athlète dont la réputation a été
salie par le dopage et le départ d’un jeune athlète, prometteur, émargeant dans
la catégorie des jeunes talents sportifs.
Au début de l’année 2015, alors
que Zahra Bouras prenait licence, un jeune sauteur en longueur, l’athlète
junior première année Triki Yasser Mohamed Tahar (finaliste des championnats du
monde cadets, puis des championnats du monde junior et des jeux olympiques de
la jeunesse) ne trouvait pas à Constantine un club lui offrant quelques avantages.
Pour une petite partie de ce qui est attribué à Zahra Bouras, Triki s’est
retrouvé signataire au "Flambeau" de la ville de Bejaïa
(MBB), lui apportant au passage le titre de champion d’Algérie Open (toutes
catégories) 2015 du saut en longueur et les titres arabes juniors (2016) du
saut en longueur et du triple saut ainsi qu’un record national junior du triple
saut de bonne augure.
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