samedi 25 juin 2016

Dans le rétro (15), Malveillance, négligence ou amateurisme ?

C
e long regard dans le rétroviseur nous a obligé à nous replonger dans un passé que l’on aurait bien voulu oublier, à retrouver des déclarations et des commentaires sur lesquels beaucoup d’entre nous sont passés rapidement (lorsqu’ils en avaient connaissance) quand  les faits étaient d’une actualité brulante.
Le 19 août 2012, soit une semaine après l’interview accordée par Zahra Bouras à un titre de la presse nationale francophone, parait un commentaire, dont le titre est édifiant (« Acte de malveillance, négligence coupable ou amateurisme déliquescent ? », du docteur Yacine Zerguini, un médecin impliqué dans le mouvement sportif (football), à  la fois proche et éloigné des querelles de minarets qui secouent régulièrement l’athlétisme.

L’entretien accordé par Zahra Bouras est qualifié, dès l’introduction du commentaire, comme « un bel acte de communication ».  Le docteur Zerguini observe, dès l’entame, que « L’entretien n’est paru ni en page sportive ni en rubrique médicale ». Il apprécie  ce traitement « car ce fléau qu’est le dopage ne mérite ni l’une ni l’autre ». Tout en saluant le cadre général dans lequel s’est déroulée l’interview «  conçue et traitée en aparté. Ambiance soft, sérénité totale, comme sur un nuage. Un brin surréaliste... ». Il considère cependant que s’il « faut certes la protéger », l’on devrait s’interdire de « s’abriter derrière l’athlète » et que celui-ci ne devrait pas « se réfugier derrière quiconque ou seulement s’ériger en victime ».  Sans prendre parti, il note qu’elle est quelque part victime, tout en ayant « des responsabilités qu’elle aurait tort de négliger ».

Après cette introduction liminaire qui pose le cadre de son commentaire, le docteur Zerguini définit le stanozolol comme un  stéroïde anabolisant synthétique dérivé de la testostérone. Donc, un produit de fabrication humaine à double usage. Chez l'homme, il est utilisé pour le traitement de diverses affections, y compris héréditaires. Chez l'animal, il est destiné à stimuler le développement musculaire, la production de globules rouges et la densité des os. Un effet qui intéresse les sportifs.

Le docteur Zerguini rappelle que le stanozolol est bien sûr interdit, lors des compétitions sportives, depuis bien longtemps et qu’il fut utilisé par l'athlète canadien Ben Johnson lors des Jeux olympiques de Séoul de 1988. Pour compléter le décor, il indique que 3 athlètes algériens - Réda Arezki Megdoud (saut en longueur), Larbi Bourraâda (décathlon) et Zahra Bouras (800 m) - ont été, en quelques semaines, contrôlés positifs à ce même produit. Son commentaire est cinglant : « Un tir groupé qui fait désordre ».

Rapportant des passages que nous avions également remarqués, il apporte des réflexions qui méritent que l’on s’y attarde. Notons qu’il reste sans voix en lisant  ce passage édifiant :  “Quand une fille de mon âge a un dérèglement de cycle de cinq mois, un dérèglement hormonal, une forte pilosité, de l’acné, ajoutez à cela des problèmes de foie, de rein et qu’elle apprend que le produit qui lui a été injecté par voie intraveineuse pouvait provoquer un dessèchement des veines et causer sa mort, je trouve tout à fait normal que je dépose une plainte.” Il est aussi sidéré en apprenant « qu’une de nos sportives les plus prometteuses, propre fille d’un entraîneur d’athlétisme de niveau mondial, ne bénéficiait probablement pas des conseils et de la protection déontologique d’un staff médical de haut niveau ».

Le meilleur reste à venir. Comme nous l’avons fait quasiment 4 années après les faits (sans avoir connaissance de ce commentaire), le docteur Zerguini, médecin de la fédération de football, signifie son incompréhension et son hallucination en prenant connaissances de certaines informations : « Si l’on rajoute que son ex-entraîneur faisait aussi fonction de “Médecin, diététicien et masseur” et “injectait” (lui-même ?) des “produits” aux effets secondaires dangereux ; Là, carrément, j’hallucine !... J’ai beaucoup de peine à comprendre ».

Malgré cela, le docteur Zerguini voudrait bien comprendre. Mais, n’y arrive pas. Tout fait désordre. Toute cette affaire est illogique, irrationnelle. Il cherche des explications et ne trouve que des questions qui rendent encore plus compliqué sa compréhension de l’univers de l’athlétisme. Le docteur est intellectuellement perturbé car il n’est pas dans la même démarche.

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