samedi 4 juin 2016

Clins d’œil sur l’athlétisme (7), La lassitude de la routine

H
ors compétitions officielles (championnats régionaux, championnats nationaux), le calendrier de la fédération algérienne d’athlétisme est squelettique. Seuls, les meetings du « Grand Prix FAA » permettent aux athlètes d’un certain niveau, à ceux ayant des ambitions de performance (et non de titres) de se retrouver en dehors des séances d’entraînement au SATO où se retrouve la majorité des athlètes de l’élite.
Les athlètes sont-ils les seuls responsables du marasme de l’athlétisme algérien ? Répondre à cette question devenue vitale équivaut à se lancer dans une opération d’audit à confier à….d’anciens athlètes, entraîneurs, dirigeants, à ceux qui le poids des ans aidant, remplissant leur temps dans l’évocation d’un vécu et s’interdisant les fonctions officielles (celles que l’on se dispute si allégrement dans la hiérarchie organique et fonctionnelle) sauraient (peut-être) identifier le mal multiforme.
Une opération à conduire dans le style de la réhabilitation des anciens, dans la logique d’une forme de légitimité historique que l’on peut aussi et manifestement croire inadaptée aux temps présents.  Une force de propositions inspirée de l’association des associations des anciens présidents de la fédération dont la voix ne porte pas plus loin que leurs cordes vocales. Bien loin de ses assises que l’on convoque pour donner l’impression d’évolution et/ou de révolution, de ce changement que chaque responsable élu ou nommé invoque ou promeut sans jamais arriver au bout du projet.
On ne peut évacuer d’un seul mot, d’un simple revers de la main, la somme d’efforts consentis par les athlètes dont le niveau de pratique est variable et dont le talent, le potentiel l’est tout autant. La souffrance ressentie, la difficulté à accomplir la séance confine quelque part à une forme de masochisme qui ne serait pas accompagnée par une sensation de plaisir. Souffrir pour rien, voilà le triste sort de ces athlètes qui ne seront jamais….champions.
Ne peut comprendre les besoins des athlètes celui qui n’a pas été athlète. Il semblerait, disent les langues de vipères si nombreuses dans l’athlétisme national, que, à quasiment tous les niveaux de la hiérarchie y compris les plus élevés des ligues régionales, de la fédération, seraient infiltrés des cadres techniques dont les diplômes n’ont jamais été validés par la pratique sportive. Ni avant, ni après la formation. 
L’absence de compétitions est flagrante. La participation est aussi quelquefois si réduite que, dans certains stades, le nombre d’officiels est supérieur à celui des participants. Le « «cross du parti et des APC », puis le « cross du parti et des collectivités locales » et la dernière mouture (« le cross de la jeunesse »), qui apparut avec le multipartisme en 1990, ne sont plus l’un des moments forts d’une saison et n’alimentent  plus d’abord les équipes d’établissements scolaires et ensuite les clubs repliés sur eux-mêmes, vivotant des maigres subsides versées toujours tardivement. Souvent juste à temps pour prendre part aux championnats nationaux, lorsque qualification il y a.
Exit aussi les challenges d’antan dont la régularité n’a pas été la première qualité. Alger, Constantine, Annaba, Batna ont organisé leurs meetings dont quelques éditions restent dans les mémoires de ceux qui y étaient. Des challenges et des meetings qui naissent, disparaissent des calendriers et, quelques années plus tard, reviennent comme si de rien n’était avant  encore de s’éclipser.
Peu d’athlètes (moins de 9 000 licenciés en 2015), peu de compétitions. L’athlétisme algérien est morne comme fut le champ de bataille de Waterloo pour l’empereur Napoléon 1er dans la version qu’en donne Victor Hugo. Les compétitions ne sont plus que des formalités par lesquelles il faut passer pour se qualifier au mieux aux championnats nationaux.

Même les meetings du « Grand Prix FAA », les « Soirées ramadhanesques » sont devenus des moments de rencontres routiniers faisant peu de cas du spectacle. Une routine. Une obligation à remplir, un bilan à étayer par des résultats, un certain nombre de compétitions, de courses et de concours. De quoi justifier la prochaine demande de subvention. Pas d’imagination dans une nation ou le réalisme jdanovien est encore fort s’abreuvant toujours au robinet de la réglementation. Pas de lièvres, pas de meneurs de courses, pas de concours mixte exceptionnel pour une Romaïssa Belabiod qui pourrait bien ridiculiser quelques  sauteurs en longueur. A contrario d’un 600 mixte pour Zahra Bouras lors d’un régional hivernal. Il fallait gagner un peu de temps sur l’horaire. 

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