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ans une interview publiée à la mi-décembre, à l’occasion et en marge
des championnats d’Europe de cross country organisés dans le sud de la France, le
président de la fédération française d’athlétisme, à la demande du journaliste,
a passé en revue et a fourni son opinion sur les problèmes qui secouent
l’athlétisme. Bien évidemment, les questions relatives au dopage et à la
position fragilisée du président de l’institution internationale ont été
évoquées. La corruption et les conflits d’intérêts ont fait partie des sujets
abordés.
Ce président de fédération nationale proche des niveaux supérieurs de
la hiérarchie de l’IAAF, membre du conseil d’administration, a exprimé son
contentement « que les scandales sortent ». Citoyen d’un pays de la
mouvance occidentale, grand bénéficiaire présent et futur, il ne pouvait
qu’être satisfait du sort réservé à la Russie qu’il « situe dans des pratiques dignes
de l’Union Soviétique, on y retrouve même le KGB ». Il reconnait
qu’ « il faut mettre les choses sur la table, même si c’est préjudiciable à
l’athlétisme » qu’on ne devrait pas s’intéresser seulement à
l’athlétisme et au cyclisme mais aussi aux
autres sports et surtout aux sports collectifs
On sait depuis plusieurs décennies déjà que l’athlétisme de haut
niveau n’est plus un sport olympique (au sens coubertinien du terme) et qu’il
s’est engagé dans la voie du professionnalisme. Pour celui qui n’en n’aurait
pas conscience, le président de la fédération française considère que le dopage
est une atteinte à l’image de la discipline et génère des préjudices. Relevant
qu’en France, « il n’y a pas de problèmes avec les
partenaires », il affirme savoir « qu’au niveau de l’IAAF, certains
partenaires hésitent à continuer ou à venir » et qu’il aurait
suggéré au président de l’IAAF, pour pallier à ce « vrai préjudice d’image »,
de mettre en place des sanctions financières, pour tenter de corriger le
préjudice financier des athlètes lésés.
Ces sanctions, appliquées à toute personne ayant contribué au dopage,
viseraient à dédommager les athlètes qui sont restés au pied du podium parce
que devancés par des athlètes dont on découvre plus tard qu’ils étaient dopés. Nous rappellerons que chez nous,
l’athlétisme n’est pas confronté à cette problématique. Bien au contraire, des
athlètes dopés, suspendus ont continué à bénéficier de l’aide fédérale et ont
servi de support médiatique à une campagne publicitaire lors des derniers
championnats du monde (Pékin, août 2015) signifiant subliminalement que le
développement de l’athlétisme se fait par la tricherie.
Cette suggestion viendrait compléter la décision prise par l’IAAF
d’engager des investigations pouvant déboucher sur une action en justice et
inciterait les athlètes à porter plainte pour demander un dédommagement du
préjudice subi. Il remarque que les cas de dopage sont « un
drame à chaque fois » marqué par la remise de « beaucoup
de médailles après coup ». Il illustre cette situation par le cas
d’une lanceuse de son pays à qui on a remis cette année une médaille qui datait
de 2005. Se faisant, à bon escient le porte parole de ces athlètes médaillés
sur le tard, il note que « cela
n’a pas le même goût ! » et que « c’est une frustration énorme pour
les athlètes ».
C’est en s’appuyant sur d’autres cas concrets qu’il plaide pour les
sanctions financières. En particulier au souvenir d’une autre athlète, classée
4ème aux championnats
d’Europe en salle à Bercy 2011, qui en apprenant, deux mois plus tard, qu’elle
était 3ème avait beaucoup
pleurée en regrettant de n’avoir pas reçu la médaille sur le podium et qui se
retrouve un peu plus tard, médaillée d’argent. Si la première médaille lui a
été remise au cours d’un championnat de France indoor, elle n’avait pas voulu
se déplacer pour la deuxième.
Les sanctions financières proposées permettraient de dédommager ces
athlètes. Elles seraient versées dans une sorte de caisse de solidarité au
niveau de la fédération internationale. Son argument final, dans un univers où
l’argent prime, est imparable : « Quand on n’est pas sur le podium,
on n’a pas de primes, on n’a pas la notoriété pour attirer les partenaires.
Vous êtes doublement sanctionné ».
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