S
|
elon le président de la fédération française d’athlétisme, le dopage
serait, dans son pays, un phénomène marginal. Ce phénomène qui mine l’athlétisme
mondial et jette quasi automatiquement la suspicion sur toutes les performances
qui sortent de l’ordinaire ne
toucherait « que
peu d’athlètes ». Sur 300.000 licenciés, il serait enregistré « 10
cas par an ». En communiquant cette information, le président
ajoute un commentaire, porteur de signification qui voudrait minimiser ce
constat qui pour n’importe quel observateur serait alarmant. Effectivement, c’est
peu comparativement à la Russie, l’Inde, la Turquie, le Kenya ou le Maroc.
Comparé à l’athlétisme algérien, qui
comptabiliserait (en 2015) seulement deux cas de contrôle positif (sur lesquels
les instances nationales ont peu communiqué et n’ont pas encore statué 5 mois
après la constatation) c’est beaucoup et peu à la fois lorsque l’on confronte
les ratios de cas de dopage recensés par rapport à la population pratiquante en
clubs (10 pour 300 000 licenciés et 2 cas pour 3 000 licenciés).
Alors que beaucoup spécule sur la manière dont la fédération
algérienne a géré deux des trois dopés de 2012 qui ont bénéficié d’un soutien
fédéral pendant la période de suspension de deux ans, à la fédération
française, on considère qu’il s’agit d’un combat permanent qu’il faut mener en
faisant de la prévention, en faisant témoigner des ex-athlètes dopés devant les
jeunes athlètes et en instaurant,
plusieurs fois par an, le suivi biologique. La fédération française entretient
également de bons rapports avec l’OCLAEPS (office central de lutte contre les
atteintes à l’environnement et à la santé publique) qui est un service de
police judiciaire à compétence nationale créé en 2004. Sa compétence a été étendue
en 2009 à la lutte contre le dopage lorsque
les substances utilisées ne sont pas classées comme stupéfiants. Il est
intervenu dans les affaires Leila Traby et Mounir Acherki évoquées ici même.
A travers le suivi biologique, mis en place dès 2002, la fédération
française exerce une vigilance sur les athlètes de premier plan en concoctant
trois listes d’athlètes ciblés contrôlés par l’AFLD (agence française de lutte
contre le dopage), l’IAAF et la FFA. La tricherie faisant partie de la nature
humaine, les sportifs n’y échappant pas (le dopage), le principe est qu’il faut
la sanctionner.
Le président de la FFA est un partisan du durcissement des sanctions.
Déjà pour la 1ère infraction, il propose d’ajouter à la suspension une
peine financière, et les récidivistes
seraient bannis à vie. Pour démontrer la volonté de la fédération qu’il préside
à combattre ce fléau, il assure qu’elle serait la seule à avoir suspendu
pendant 10 ans un athlète et quelle n’aurait sur ce sujet « aucun
complexe ».
Le dopage s’accompagne de « performances étonnantes, des progressions
anormales » qui suscitent de forts soupçons qu’il serait possible
de valider à travers une expérience tentée en France consistant à « mettre
en place des parcours d’athlètes sur leur carrière qu’on compare à des parcours
normaux » qui permettraient de « voir les choses erratiques,
anormales ». Se présentant sous forme de graphiques, ₺le parcours d’athlète₺ serait un instrument
supplémentaire de prévention et d’observations de la performance. Suite à un
test en interne montrant que cela était «un bon outil», proposition sera
faite à l’IAAF pour l’ensemble des
athlètes suivis à l’international et alerterait sur des dérives.
Ainsi que nous l’avons vu ici même, il propose de sanctionner
financièrement les cas de dopage avec une extension aux fédérations, lorsque,
comme en Russie, il y a collusion. Il remarque également que des fédérations peuvent
être victimes. Il prend l’exemple de ce qu’il appelle les pays pauvres où « il
n’y a pas d’autorité, pas de laboratoires. Les Fédérations ne contrôlent rien.
Ce sont des mafias installées qui font la loi ». S’il accorde des
circonstances à ces pays, il estime que« quand
il y a une organisation mafieuse, avec la fédération, il faut des sanctions ».
Ceci expliquant cela, il préconise
« une suspension des Russes toute l’année, y compris pour les Jeux. Il
faut aller jusqu’au bout, car il faut un signal fort par rapport aux pays qui
utiliseraient les mêmes méthodes ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire