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e Mouloudia d’Alger domine médiatiquement le football national. Le
phénomène est connu depuis la nuit des temps, en fait depuis que le pays a
recouvré sa souveraineté et que les médias lui ont accordé une importance surdimensionnée
par rapport aux autres clubs.
Le fait d’être né dans le centre populaire d’Alger de la période
coloniale (où l’USMA lui dispute
cependant la masse des supporters dans ce périmètre où aujourd’hui se mêle,
étroitement liés, la Casbah et les quartiers, rues et ruelles environnantes du
poumon de la capitale) lui a attribué une forme de préséance (qui n’est pas
seulement protocolaire) confinant à une sorte de légitimité historique à
laquelle a grandement contribué le passé révolutionnaire de cette zone urbaine.
Pourtant d’autres quartiers d’Alger (en particulier ceux de l’Est de la
mégalopole avec Laâquiba et Clos Salembier, fiefs de ce CR Belcourt devenu CR
Belouizdad en souvenir d’un des grands martyrs de la Révolution et de l’OM
Ruisseau) et d’autres clubs de la capitale se revendiquent avec autant de pertinence
de ce passé glorieux et du décompte macabre des joueurs, dirigeants,
supporters, adhérents et autres sympathisants qui ont donné leurs vies pour la
renaissance de la nation algérienne.
Cette position du club (populaire par sa naissance et son essence) dans l’histoire du mouvement sportif national
lui a permis de devenir le centre d’un univers dominateur qui a envahi au fil
des années le monde des médias (dont on ne peut ignorer qu’ils furent au
départ, et pendant une très longue période publics, avant de devenir
gouvernementaux puis indépendants via l’essaimage intellectuel) installés à
leurs créations dans les fiefs mouloudéens de l’Alger Centre, dans le cœur
médiatique, politique et économique d’Alger et donc du pays où règne un algéro-centrisme phagocytant et où les
institutions nationales ont été géographiquement proches.
Le Mouloudia d’Alger, il faut en convenir, serait pour ces
considérations et pour d’autres liées à l’importance de sa capacité à rameuter
ses milliers de supporters, a longtemps été perçue à travers sa proximité avec
les pouvoirs de décision ce que confirmerait, selon certains observateurs, le
parrainage pendant plusieurs décennies de la plus importante entreprise
industrielle, commerciale et financière du pays et du continent africain.
Malgré tous ces atouts, nous dirons environnementaux, le Mouloudia,
par la faute d’une histoire de la gestion approximative du club à écrire où
justement interfèrent tous ces aspects plutôt subjectifs, n’a pas la capacité à
agir comme tous les autres clubs (de la capitale et d’ailleurs) qui ont su au
moins se faire attribuer par qui de droit (les autorités publiques locales) les
moyens infrastructurels et financiers minimaux à la pérennité de l’entité.
Le MCA, par la démesure outrancière qui le caractérise que nous
qualifierons de congénitale puisque reposant sur un socle temporel de plus d’un
demi siècle marqué par des avantages superficiels et ostentatoires de toutes
sortes, s’est retrouvé, en ces temps où la puissance s’analyse en terme de
possession de biens mobiliers et immobiliers durables, démuni d’un stade où
s’entrîiner régulièrement et surtout où jouer sans quémander l’appui, l’aide,
le soutien d’autrui.
C’est dans ce contexte qu’il faut poser un regard sur la polémique
renouvelée lorsque s’approche les nombreux derbys algérois que propose le
championnat de Ligue 1. Une polémique qui, ces dernières années, s’appuie sur
de nouveaux arguments tels que l’accessibilité en grand nombre (souvent
supérieur à celui des dispositions réglementaires régissant la répartition des
places dans une enceinte sportive) de leurs supporters à tous les stades
d’Algérie et la sécurité à laquelle ils ouvrent droit lors de leurs
déplacements en dépit des conduites comportementales, pour le moins
irrévérencieuses (caractéristique des déplacements de foules importantes
autorisant l’anonymat ) qui sont les leurs, vis-à-vis de leurs hôtes d’un
jour.
Les dirigeants du Mouloudia ne sont pas satisfaits du
changement de domiciliation de la rencontre qui opposera leur club au CR
Belouizdad, dans l’antique stade du 20 août au lieu de ce 5 juillet qu’ils
veulent s’approprier et sur la pelouse duquel ils espèrent jouer la
quasi-totalité de leurs matchs. Histoire de se constituer, devant leur public,
un palmarès que leurs prédécesseurs et les autres clubs n’ont pu leur permettre
de réaliser.
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