vendredi 22 janvier 2016

La rébellion des joueurs pro, Comme les gladiateurs de Spartacus

D
epuis que l’univers de football algérien s’est professionnalisé, il est attendu qu’il améliore son fonctionnement, son efficacité et que chacun apprenne de ces erreurs qui font partie de l’acquisition de nouvelles compétences. Il avait semblé, aux yeux de beaucoup de dirigeants, de la grande masse des supporters et des observateurs que la transition (de l’amateurisme au professionnalisme) serait de courte durée compte tenu de l’expérience, fruit de plusieurs dizaines d’années de « professionnalisme déguisé ». Une période où la totalité des clubs survivaient et les dirigeants géraient grâce aux subsides accordés par les pouvoirs publics.
La privatisation du football (cela en est une quoiqu’en disent les puristes, coupeurs de cheveux en quatre par excellence qui ne veulent pas appréhender la réalité) à conduit certains dirigeants à s’approprier (via les SSPA créées légalement pour gérer le sport professionnel) une grande partie des actions constituant le capital social de ces entités juridiques, en s’interdisant, dans un geste d’élégance langagière et discursive n’appartenant qu’aux grands seigneurs, de reconnaitre qu’ils ont acheté ces mêmes clubs qu’ils se refusent à vendre (ouvrir le capital) à d’autres investisseurs qui pourraient aider à en réduire le déficit. Même si nous avons l’intime conviction que ce n’est pas l’augmentation et l’ouverture du capital social qui est la condition idoine d’une bonne gestion mais l’augmentation des ressources financières et la diminution des charges. Deux chantiers qui ne sont pas la portée de tous et surtout de ceux qui ont profité des faveurs de l’Etat (subventions).
Remarquons également que le football professionnel  est né dans un contexte économique et social de recherche de paix sociale actionnée, à travers la perception qu’ont les dirigeants, dans une sorte de grand cirque digne de l’Histoire césarienne faite de pain et de jeux.
Comme les gladiateurs, formés pour combattre dans l’arène, les joueurs professionnels de football ont été engagés, comme acteurs d’une  idéologie , pour proposer un jeu insipide qui comble le vide rencontré par des supporters souvent en marge de la société, reclus dans des activités professionnelles également marginales et en dehors de tout statut légal et sans aucune reconnaissance sociale plongeant ses racines dans des groupes.  A l’image de ces joueurs pris dans les rets de l’esclavage qui, le temps d’un après-midi, s’offrent et procurent un moment de bonheur éphémère. Comme les gladiateurs, on (les dirigeants de clubs) leur a promis de nombreux avantages, des salaires époustouflants faisant rêver les plus incrédules se voyant promis aux plus grandes destinées sportives, un envol vers les terres lointaines et des salaires plus conséquents payés en devises affolant les plus indécis par la contrepartie en monnaie nationale qui, du jour au lendemain (même si ce laps de temps se calcule en années d’exil), changent de position sociale passant de la servitude au statut de citoyen vénéré.
L’incapacité, aujourd’hui notoire, de tenir les promesses (que l’on sait pourtant qu’elles sont impossibles à réaliser dans le contexte présent) a conduit les joueurs qui, par la starisation et par essence, sont des individualistes nés à se regrouper, s’allier (sans arriver encore à la phase de la syndicalisation) et à se dresser face à la démagogie. Après les actions individuelles de rébellion rapidement étouffées et écrasées en jetant les joueurs à la vindicte populaire, la mutinerie gronde. Un peu partout, on entend dire, on peut lire que les joueurs se regroupent, réclament leurs droits, refusent les nouvelles obligations qu’on veut leur imposer et osent affirmer le recours à des actions collectives de grève ou de boycott des entrainements et des matchs.  
Le football professionnel algérien tremble sur ses assises fragiles. Les dirigeants (y compris les plus récemment arrivés dans le circuit), certainement endoctrinés par leurs pairs pestent, tempêtent et exigent.
Il ne reste plus aux  joueurs, à tous les joueurs d’un club de prendre une décision. Une seule décision pour mettre leurs clubs à genoux. Une seule action (que nous ne dévoilerons pas aujourd’hui) pour mettre fin à cette mascarade. Mais, ils en payeront chèrement le prix. Comme l’armée de gladiateurs de Spartacus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire