lundi 4 janvier 2016

Athlétisme/ L’IAAF dans la tourmente? Les manigances près de la….. présidence



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ous sommes revenus en 2013. A l’IAAF tous les regards sont braqués sur Moscou où se dérouleront très bien bientôt les championnats du monde d’athlétisme. Dans certains bureaux, à Monaco où se trouve le siège de la fédération internationale, les feux virent à l’orange et même au rouge. Les championnats risquent d’être assombris par une « grosse » affaire de dopage qui touche essentiellement les marcheurs du pays organisateur. Des marcheurs qui font la loi sur les pistes et routes où se disputent leurs épreuves. La domination russe est totale.
Si forte que des soupçons de dopage naissent et sont confirmés par les résultats des analyses sanguines et urinaires pratiqués sur les marcheuses et les marcheurs de cet immense pays qui forme un véritable continent, entre l’Europe et l’Asie. On ne le sait pas encore mais, c’est alors que nait une sorte de complot auquel auraient participé des responsables de l’IAAF, des consultants, des dirigeants de la fédération russe d’athlétisme. Il ne s’agirait alors que d’étouffer des résultats positifs constatés sur l’examen des passeports biologiques des athlètes. Des résultats qui ne seraient pas en adéquation avec les normes retenues et qui font que les athlètes concernés sont considérés comme positifs, dopés.
Les investigations menées par l’AMA (agence mondiale de lutte contre le dopage) à l’instigation de l’IAAF, avec l’aide d’Interpol, montreront plus tard qu’il s’était établie une collusion, une connivence, une sorte d’entente entre les fils du président de l’IAAF (le Sénégalais Lamine Diack), quelques responsables de l’IAAF, des dirigeants de l’ARAF (la fédération russe), des entraîneurs pour soutirer plusieurs centaines de milliers d’euros aux athlètes russes impliqués dans ces résultats anormaux. D’autres athlètes, de nationalité turque, sont aussi soumis à ce chantage (Payez pour disputer les championnats du monde de Moscou). Ce sont ces mêmes athlètes, devenus lanceurs d’alerte,  qui dévoileront le pot aux roses.
Un mois avant le début des championnats du monde (du 10 au 18 août) apparait un nouvel actant.  Nick Davis était alors le porte-parole de l’IAAF. Dans un Email (publié par Le Monde en fin décembre 2015 et qui aurait été versé au dossier judiciaire de l’enquête actuellement en cours sur la corruption à l’IAAF), adressé le 29 juillet 2013, à Papa Massetta Diack (fils de Lamine Diack et consultant en marketing auprès de l’IAAF, associé dans une société de communication basée à Singapour qui aurait servi d’intermédiaire dans cette extorsion de fonds), Nick Davis informe son interlocuteur de son intention de mettre en place « officieusement », une « campagne RP [relations presse] pour s’assurer que nous évitons des scandales médiatiques internationaux liés aux championnats de Moscou, notamment dans la presse britannique, d’où viennent les pires articles».  Pour atteindre cet objectif (élaborer une stratégie de communication afin que ces cas, gênants pour l’athlétisme mondial, aient le moins de répercussion médiatique possible), Nick Davies précise qu’il envisage « d’utiliser CSM » (Chime Sports Marketing), une agence spécialisée dans le marketing sportif, dont le directeur général est… Sébastian Coe qui, à cette époque (été 2013) était premier vice-président de l’IAAF.

Profiter de l’influence de Coe au Royaume Uni

Nick Davies évoque dans ce courriel, le rôle de son compatriote qui en fera, après son élection au poste de président de l’IAAF, son chef de cabinet : « Nous pouvons aussi profiter de l’influence politique de Seb au Royaume-Uni. C’est dans son intérêt personnel de s’assurer que les championnats du monde de Moscou soient un succès et que les gens ne pensent pas que les médias de son propre pays ne sont pas en train de chercher à les détruire. Nous pouvons travailler fort pour arrêter toute attaque planifiée par la presse britannique à l’égard de la Russie dans les semaines à venir».
Quelques jours plus tard après ce courriel  de Nick Davies (le 29 juillet 2013), selon Le Monde, Papa Massata Diack adressé un e-mail à son père,  dans lequel il aurait écrit que Valentin Balakhnichev (le président de la fédération russe  l’aurait  sollicité « pour intervenir en interne auprès du personnel de l’IAAF qui lui a été antagonique dans le processus de gestion de ce dossier depuis septembre 2012 et à cette fin, un travail de lobbying et d’explication a été fait […]». Ce que Nick Davis, contacté par Le Monde en fin décembre 2015, avait démenti « fermement cette allégation. Malheureusement, je crois que la tactique de ceux qui sont accusés est d’essayer de démontrer que d’autres personnes sont impliquées dans leurs plans. Je les ignorais complètement ».
A propos de son e-mail, Nick Davies a fait savoir dans un communiqué, dédouanant le président de l’IAAF que « e-mail adressé moins d’un mois avant le début des Championnats du Monde de Moscou au consultant marketing de l’IAAF d’alors, Papa Massata Diack, consistait en un échange d’idées au sujet de possibles stratégies liées aux relations presse en vue de sérieux challenges rencontrés autour de l’image de la compétition ».  Il précise qu’aucun plan n’a été mis en place suite à cet e-mail et il n’y a absolument aucune possibilité qu’une stratégie ou un plan média/relations publiques puisse interférer avec la procédure antidopage. Il indique également  qu’il n’a « pas abordé ces idées avec CSM et il n’y a jamais eu aucun d’accord entre l’IAAF et CSM pour mettre sur pied une campagne de relations publiques. CSM n’a jamais travaillé pour l’IAAF en quelque capacité que ce soit depuis que Sébastian Coe en est membre». Par un curieux effet du hasard, Jackie Brock-Doyle, présentée par Le Monde, comme communicante pour CSM et l’IAAF aurait répondu aux questions du journal en disant « Ce qui est très clair c’est que Sébastian ne va pas répondre sur des e-mails dont il ne sait rien ».

Nick Davis se met en retrait

Dans un communiqué adressé à Le Monde publié intégralement, Nick Davies explique que ses fonctions de  directeur de la communication de l’IAAF étaient  gérer et promouvoir la réputation de l’IAAF et que son email « adressé moins d’un mois avant le début des Championnats du Monde de Moscou au Consultant Marketing de l’IAAF d’alors, Papa Massata Diack, consistait en un échange d’idées au sujet de possibles stratégies liées aux relations presse en vue de sérieux challenges rencontrés autour de l’image de la compétition ».
Il indique aussi  « suite à votre article au sujet des allégations de corruption concernant Lamine Diack (article publié le 18 décembre), je précise que je n’ai absolument jamais été impliqué dans aucune conspiration criminelle impliquant des représentants de l’IAAF. Je n’ai jamais reçu de paiements en connexion avec ces conspirations ».
Après avoir affirmé n’avoir eu « aucune connaissance en 2013 que des officiels de l’IAAF puissent être impliqués dans des conduites criminelles liées à des cas de dopage, tout comme je n’ai aucune connaissance d’aucun cas de dopage n’ayant pas été traité qui aurait dû l’être, ni d’aucune suspension pour dopage n’ayant pas été publiée dans les temps impartis par les Règles de l’IAAF », il a joute que lorsque des informations concernant des allégations de corruption lui ont été données au début 2014, il fut « l’un des salariés de l’IAAF ayant saisi la Commission d’Ethique de l’IAAF et ayant contribué l’enquête qui a suivi. Je fus également l’un des membres du personnel de l’IAAF ayant offert, et continuant d’offrir – de façon volontaire – mon entière assistance aux enquêteurs de la Commission Indépendante de l’AMA, ainsi qu’à la police monégasque et française».
Quelques jours plus tard, Nick Davies s’est mis en retrait de son poste de directeur de cabinet de la fédération internationale suite à sa mise en cause dans l'affaire de corruption qui secoue actuellement l'instance «pour laisser le temps au comité d'éthique d'étudier le dossier, et de déterminer si je suis responsable d'une quelconque infraction au code de l'éthique de l'IAAF».
La presse française rapporte que deux jours avant ce retrait, le journaliste allemand Hajo Seppelt, à l’origine de toute cette affaire, avait reçu un courrier du cabinet d’avocats « Bird and Bird LLP » le menaçant de poursuites dans le cas où il continuerait à faire état d’informations mettant en cause Nick Davies ou Sébastian Coe. Selon la relation qui en faite, ces juristes auraient noté en haut de leur email la mention « Personnel et confidentiel. Ne doit pas être publié ». Comme on ne pouvait si attendre, Hajo Seppelt s’est empressé de diffuser ce document via Twitter, quelques heures avant que Nick Davies annonce sa décision de retrait

Abramovitch aurait versé 200 000 livres à Coe

La révélation de l’implication de Nick Davies, l’ex- porte-parole de l’IAAF, devenu, depuis le mois de septembre dernier, le bras droit de Sébastien Coe est à peine oublier que le président de l’IAAF est à nouveau  éclaboussé par la découverte de ses liens financiers avec le club de football  de Chelsea appartenant au milliardaire russe Roman Abramovich…

Alors qu’une référence à sa société (CSM) très embarrassante pour Sébastian Coe, est dévoilée, il semblerait   qu’il était lui aussi informé de cette situation dès le milieu 2011, la presse britannique (Daily Mail) révèle que le club de Chelsea a financé, à hauteur  de 200.000 livres, la campagne électorale de Coe pour la présidence de l’IAAF. Malgré la possibilité émise  d’un paiement effectué par le bureau du club sans en référer à Abramovich, il est tentant de relier les deux hommes et de considérer que les décisions de Sébastian Coe au sujet de  la participation de la Russie aux JO de Rio pourraient être influencées par le puissant oligarque qui a œuvré pour que la Coupe du Monde de football revienne à la Russie en 2018.

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