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otre dernière chronique (« Domiciliations du MCA, Un Mouloudia riche et
très malheureux ») s’est intéressée à la domiciliation du prochain
derby algérois MCA-CRB. Une lectrice, apparemment supportrice inconditionnelle
du Mouloudia, nous a gentiment interpellé pour nous faire part de détails
historiques qui, de son point de vue, sont primordiaux pour contredire l’opinion
que nous avons formulée sur l’insistance des dirigeants de ce club (faisant
partie de l’élite sportive footballistique nationale depuis l’acquisition de
l’Indépendance) à domicilier ce match (et les autres derbies) au temple du
football algérien, le complexe olympique du 5 juillet.
Mais, ce ne sont que des détails historiques dans une longue trame
temporelle dans laquelle d’autres détails construisent ce que nous avons appelé
le comportement (devenu presque un conditionnement) des dirigeants du Mouloudia
surmédiatisé par la grâce des nouvelles technologies de l’information et de la
communication par des fans de ce même club qui se posent en défenseurs
déterminés et quasi sectaires des couleurs de ce club. C’est cette dimension
dominatrice de l’espace communicationnel et de l’effet subliminal de répulsion
que ce matraquage provoque chez les autres lecteurs qui est décrit.
L’interpellation de notre lectrice nous incite à revenir sur cet
espace journalistique qu’est la chronique. Un mode d’écriture qui autorise
beaucoup plus de libertés que les articles informatifs mais aussi et surtout
exprime une sensibilité, un point de vue, une opinion, un ressenti, en un
mot une forme de subjectivité qui n’est
pas possible ailleurs.
Dès la première livraison, nous avions indiqué que malgré cet ancrage,
avoué dès le départ, nous tenterions de lui donner une dimension plus objective
qu’elle ne l’est habituellement en élargissant le contexte dans lequel
s’inscrit un fait sportif (qui n’est qu’un autre détail actuel de ce que sera l’histoire),
dans quelques unes des dimensions qui l’accompagnent et qui viennent à l’esprit
à ce moment-là.
Cette chronique est donc le ressenti qui fait suite à la lecture d’événements
liés à la vie sportive dans les colonnes de la presse. Un ressenti qui peut
être (ou ne pas être) celui d’autres lecteurs. Bien entendu, la chronique
« Sous l’olivier » est produite en léger décalage avec le
flot événementiel. Bien loin de la scène où ils se déroulent et de l’ébullition
émotionnelle qui en découle chez leurs acteurs. Dans une forme de bulle
esquissée par son titre. Sous les branches d’un olivier, dans une campagne
exempte d’effervescence.
L’émotion est pourtant présente dans le matériel documentaire qui sert
de support à notre lecture. Elle est aussi présente dans les pensées et les
idées qui affluent. Nous ne sommes à cet instant-là qu’un lecteur (comme des
milliers ou des millions d’autres) qui réagit intuitivement aux faits qui sont
exposés.
Comme tout un chacun, les réactions varient en fonction de ce que nous
sommes (sur les plans psychologique, sociologique, culturel, philosophique,
idéologique, cognitif, etc.) et de l’interaction quasi permanente des menus
faits de la vie quotidienne (un thé qui n’est pas tout à fait celui qu’on
apprécie, une rafale de vent, une goutte de pluie, une olive qui tombe sur vos
genoux, l’arrivée d’une personne importune, etc.). Elles peuvent être
positives, ou malheureusement le plus souvent, négatives. Nous sommes (encore
et toujours) dans une dimension qu’il est difficile de contrôler et
incontrôlable. Celle du bouillonnement intellectuel qui naît de ce que l’on lit.
C’est dans cette fermentation que se formalise, s’énonce diraient
certains, la chronique. Un texte jamais abouti. Toujours à la recherche d’un
équilibre (jamais trouvé) thématique, structurel, syntaxique, sémantique. Un
texte qui n’est, au moment où il est achevé et transmis, qu’un compromis. Un
texte qui, s’il était réécrit plus tard (une heure, un jour, une semaine),
serait différent aussi bien dans sa formulation que dans les idées retenues ou
écartées parce qu’elles répondent ou pas à l’état d’esprit du moment ou tout
simplement suite à l’apparition de faits nouveaux.
Il y a bien longtemps, à l’époque de l’insouciance sur les bancs de
l’université, il nous avait été enseigné que l’énonciation (l’acte de dire ou
d’écrire) était le produit d’un cheminement, en forme d’entonnoir, allant de
« l’à dire » (savoir universel emmagasiné par l’humanité
depuis qu’elle existe), d’un « dire » (connaissances de la
personne qui parle ou écrit) et un « dit » (ce que l’on dit ou écrit
au moment où l’on parle ou écrit).
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