mardi 19 janvier 2016

Elite du demi-fond algérien, Détruite par la politique fédérale

A
mina Bettiche, la spécialiste algérienne du 3 000 steeple serait à la recherche d’un entraîneur depuis qu’elle aurait rompu (à l’amiable) avec Mohamed Salem. S’il est vrai qu’un (e) athlète de haut niveau, espérant remporter des médailles aux championnats d’Afrique, du monde ou aux jeux olympiques, se doit d’être conseillé par ce qui se fait de mieux dans la corporation des entraîneurs (ou des « coachs » comme on les dénomme de plus en plus), beaucoup, à juste titre d’ailleurs, sont étonnés que l’élite nationale du demi-fond (ces dernières années) se tourne vers des étrangers.
Amina Bettiche, ainsi que deux autres athlètes algériens de demi-fond (Hathat et Belferrar), auraient rejoint, du moins pour un stage de préparation en altitude organisé en Ethiopie, le groupe d’athlètes dirigé par l’entraîneur américano-somalien Adem Djamaa qui fut aux commandes de la préparation de Taoufik Makhloufi lorsque l’athlète algérien remporta la médaille d’or du 1 500 mètres des jeux olympiques de Londres (2012) et qui aujourd’hui préside aux destinées du demi-fond qatari se préparant pour les championnats du monde qu’abritera ce pays.
Adem Djemaa est un entraineur très controversé dans les milieux de l’athlétisme mondial d’abord pour les performances atteintes (dont le record du monde du 1 500 mètres de Genzebe Dibaba qui suscite maintes suspicions)  par ses athlètes mais aussi pour avoir coacher des athlètes contrôlés positivement à des produits interdits par la réglementation.
Si cette information est confirmée, ce serait donc 5 athlètes algériens connus (si l’on compte Taoufik Makhloufi et Salim Keddar entrainés par Philippe Dupont et actuellement en stage en Afrique du Sud avec les meilleurs coureurs de demi-fond français)  qui seraient cette saison sous la coupe d’entraîneurs étrangers. Un paradoxe dans un pays où les grands champions de demi-fond (court et long) ont été, de tous temps, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale, découverts, formés et conduit sur les cimes de l’athlétisme africain et mondial par des entraîneurs algériens formés en Algérie.
En fait, l’athlétisme algérien comme le football et les autres disciplines, malgré quelques éclats, périclite. Il n’est plus ce qu’il a été. Un sport qui il est vrai n’était pas représenté sur les podiums mondiaux et olympiques mais fournissait des armadas d’athlètes parmi les 50 meilleurs continentaux en s’appuyant sur une politique de démocratisation de la pratique athlétique, dont les plus anciens parmi nos lecteurs se souviendront avec ravissement. La Réforme sportive était passée par là faisant de nos coureurs de demi-fond des années 70, 80 et 90, l’élite africaine, rivalisant avec grand bonheur et honneurs avec les Kenyans dans les classements africains. Devant les Ethiopiens, les Erythréens  et même les Marocains qui ne s’étaient pas encore adonnés au dopage et n’avaient pas encore découverts les Aouita, Boutayeb, Skah et autres Guerroudj.
En 1990, l’entraîneur de Saïd Aouita jeune, déclara avec  respect que le modèle marocain qui se construisait alors s’était grandement inspiré de l’organisation sportive algérienne. D’autre part, quelques mois plus tard, le Tunisien Mohamed Gammoudi, le premier maghrébin champion olympique du 10 000 mètres (Mexico 1968) - vainqueur des plus grands coureurs d’Europe et du Commonwealth (Britanniques et australiens dont le récemment disparu « Ron » Clarke)  dominateurs de ces courses -  représentant la fédération tunisienne d’athlétisme à Saket Sidi Youcef (championnats maghrébins de cross scolaire)  et à Alger (championnat maghrébin de cross), disait qu’il était en admiration devant les coureurs, les entraîneurs et l’athlétisme algériens. Hassiba Boulmerka et Nouredinne Morceli venaient tout juste d’émerger au plan mondial !
Nos anciens athlètes, entraîneurs, officiels et dirigeants se souviennent dans aucun doute que le demi-fond algérien reposait en ce temps-là sur un système pyramidal de prospection des talents de coureurs qu’était « le cross du Parti et de collectivités locales » qui deviendra ensuite (à partir de 1990 et le tournant démocratique) le « cross de la jeunesse » organisé dans les moindres recoins de l’Algérie profonde  mais aussi sur un sport scolaire très fortement ancré dans les mœurs.

Aujourd’hui, il nous semble que le moteur du demi-fond, si l’on considère la politique fédérale, soit les courses sur route. Avec un challenge national richement rémunéré dont les participants sont essentiellement des coureurs usés sous le harnais. Ce ne sont pas les quelques courses réservées aux jeunes des 11 localités retenues qui nous feront changé d’avis. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire