mardi 26 janvier 2016

Regards sur l’athlétisme (1), Un passé revigorant

L
‘athlétisme, première discipline sportive, pilier des jeux olympiques, présente dans notre pays une image très contrastée. Une image où se côtoient, se juxtaposent, se superposent des moments heureux et glorieux d’hier et d’avant-hier et d’autres, ceux des moments présents, qui le sont beaucoup moins. On nous dira bien sur que ces propos reflètent la théorie du « Bon Vieux Temps », ce BVT qui serait l’expression d’un « Age d’or » de l’athlétisme algérien qui ne fut pas pourtant à la hauteur des espérances placées en lui.
Les vieux routiers de l’athlétisme (du moins ceux qui sont encore de ce monde) raconteront avec plus de ferveur et de précisions, ces temps où le nerf de la guerre, l’argent qui (selon une formule d’Archimède, le savant grec mort sur les murailles de sa ville assiégée) sert de levier pour soulever le monde, n’existait pas ou très peu. L’activisme et le militantisme des pionniers, des  M’Ghezzi, des Mechkal, des Moussa-Embarek et de bien d’autres (que nous ne pourrions tous citer tant la liste est longue) firent (dans l’ombre) la fierté des Algériens qui venaient de retrouver leur indépendance en formant des athlètes conquérant les univers maghrébins, arabes et africains. Ali Brakchi, Rahoui Boualem, Sakina Boutamine  furent les plus brillants jalons de cette époque.
On n’oubliera pas ces armées de coureurs de demi-fond excellant dans « les labours », ces parcours de cross country  d’antan où seuls les athlètes les plus solides sur leurs appuis pouvaient se hisser au premier rang. En 1965, déjà une équipe masculine s’illustra au « Cross des Nations », l’ancêtre des championnats du monde, dominé par les athlètes d’Europe.
Elle précéda des athlètes qui firent la renommée de l’Algérie bien avant la venue des Tunisiens, des Marocains et des coureurs de la « Corne de l’Afrique » (Kenyans, Ethiopiens, Erythréens et Somaliens). Aâmi Amri était à la tête des cohortes des appelés et des contractuels de l’ANP qui défiaient le monde et remportaient titre sur titre en disputant la première place nationale aux coureurs de l’ASSN. Au point que cela en devenait monotone, routinier.
Mada, Habchaoui, Abdenouz (El Hachemi), Abderrahmane Morceli, Amar Brahmia, Rachid Kram, etc. en furent et annoncèrent Nouredinne Morceli, Azzedine Brahmi, un autre Abdenouz (Rédha), Djabir Aïssa Guerni, Ali Saïdi Sief (malgré sa dérive)  et Taoufik Makhloufi. Après Ali Brakchi apparurent les sauteurs à la perche Lakhdar Rahal (fils du gardien du stade de Colombes à Paris), de triple saut et de longueur (Khaida Lotfi), en hauteur (Othmane Bellefaa précédant les Krim). Hakim Toumi et Yacine Louail dominaient le lancer du marteau africain et Ahmed Mahour Bacha les épreuves combinées et le lancer du javelot, avant qu’il ne débroussaille le terrain pour ses protégés d’hier (Yasmina Azzizi)  et d’aujourd’hui (Larbi Bouraâda).
Chez les dames, Dalila Mial, Amina Chaâbane (que l’on apercevait il y a peu sur le bitume des courses sur route), Bendahmane, Hadj Embarka prirent la succession de Sakina Boutamine, la jijelienne, et de Fatma, el asnamia bien avant que n’arrivent Hassiba Boulmerka et Nouria Merah-Benida  qui apportèrent les titres mondiaux et olympiques qui manquaient au palmarès de l’athlétisme féminin.
La force de l’athlétisme algérien d’hier résidait dans la dispersion des pôles de détection et de perfectionnement des talents athlétiques partagés entre d’abord Annaba, Skikda, Oran pour les épreuves de sprint et de haies puis Biskra d’où émergèrent les Mustapha Kamel Selmi et les frères Hacini (Aïssa et Adem). Dans les courses de demi-fond (court, long, cross country, courses sur routes) les wilayas-leaders étaient  Souk Ahras (les frères Si Mohamed et les frères Brahmia), Guelma, Tébessa, Batna (les Hadef et Menaï d’Arris en plein cœur chaoui  ainsi que les Diffalah, Khellil Alloua, Miloud Abaoub, un  cadet éblouissant de talent et champion du monde de sa catégorie), Sétif (Bessou Laïd), Bordj Bou Arreridj (Samir Moussaoui), Lakhdaria (Kamel Kohil), Ksar El Bokhari (Yahia Azaïdj), Tiaret (Nasria Baghdad), M’Sila (M’cif et ses équipes de cross toujours présentes), Chleff et tant de clubs de petites communes d’Est en Ouest squattant les premières places des petites catégories.    

En ces temps-là bien révolus, Tlemcen et Oran, Constantine et  Annaba (et bien sur Alger) fournissaient des champions et des championnes (dans toutes les catégories d’âges et toutes les épreuves du programme d’une compétition) quasiment à la demande. C’était avant l’avancée du glacis athlétique.   

2 commentaires:

  1. Vous n'avez pas honte de citer Mahour Bacha Ahmed, parmi la liste des personnes qui ont construit l’athlétisme Algérien. C'est lui le responsable du glacis athletique. Il n'a pas sa place dans la liste des batisseurs de notre athletisme.

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    1. Quoique vous pensiez de Mahour Bacha, il fut recordman d'Afrique du décathlon et du lancer de javelot et l'entraîneur de Azzizi Yasmina avant d'être celui de Bouraâda. Ceci ne peut objectivement être effacé de l'histoire de l'athlétisme algérien. Il appartient malgré nous et avec de nombreux autres athlètes non cités à cette période où l'athlétisme nous faisait honneur. J'aurais préféré que vous voyez cet aspect-là et que vous reprochiez justement de ne pas les avoir mentionné. Quant au reste (glacis athlétique) cela fait partie de la deuxième partie de sa vie, de son présent d'entraîneur et de proche des instances fédérales sur lequel on pourrait effectivement dire beaucoup de choses. C'est un autre problème. Laissons le temps au temps.

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