Il y a quelques semaines,
nous nous étions arrêtés sur la crise de gouvernance qui secoua la JSM Béjaïa.
Une association sportive considérée comme la doyenne des clubs de football de
la Kabylie et qui toutefois durant la plus grande partie de son existence ne
fut qu’un club de football parmi tant d’autres et qui bien, que club
représentant le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, fut historiquement et
populairement en retrait comparativement aux équipes créées au niveau des
daïras de la Vallée de la Soummam.
L’histoire de la JSMB
ressembla à s’y méprendre à celle de beaucoup d’équipes de football de villes
moyennes qui utilisent, dans les deux sens (montée et descente), l’ascenseur de
la notoriété sportive passant allégrement (et sans y paraitre, tant cela semble
faire partie de leur hérédité) des divisions inférieures (championnat régional
ou interrégional ou division nationale amateur) aux deux divisions de l’élite
nationale et même au niveau maghrébin et continental.
Alors qu’elle luttait dans
l’antichambre (nationale 2) entre 69 et 76,
la JSMB a même disparu du listing
des équipes de football pendant la période de la mise en parenthèse du sport
civil et la prééminence des associations sportives de performance (1977 et 1990) qui la vit
fusionner avec son rival local (MOB) pour donner un grand club à la capitale
des Hammadites, le MBB (Maâchal Baladyat Béjaïa).
En 1990, sous une nouvelle
ère sportive, la JSMB ressuscite et retrouve l’enfer du championnat régional qu’elle
ne quittera qu’en 1996 après un duel au couteau avec deux équipes mieux
soutenues populairement (le MOB) et financièrement (l’IRB El Hadjar).
Très vite (deux saisons
sportives seulement), la JSMB atteignit les sommets : le championnat de
« Division Une », l’ancêtre du « championnat de Ligue 1 ». Pendant
une quinzaine d’années (à partir de l’accession en Ligue 1 en 1998), la JSMB rivalisa,
aux yeux de beaucoup d’amateurs de football, avec les équipes bien installées
dans l’élite du football national dont celles qui charrient des dizaines de
milliers de fans (MCA, CSC) et celles dont le prestige se définit à travers le
nombre de titres acquis (ESS, USMA, MCO, CRB). Pourtant, certaines circonstances firent que l’équipe doyenne de
la Soummam soit confrontée à des agitations qui rendirent difficiles son
évolution. En plus de sa relégation en Ligue 2 concluant une saison
déstabilisée par une instabilité managériale, la JSMB a connu une guerre des
chefs et une guerre des organigrammes née d’une mise en œuvre aléatoire du
professionnalisme sur un substrat idéologique et juridique insuffisamment
explicité.
Pendant cette décennie et
demie et bien avant même (à partir de la renaissance du club), Boualem Tiab fut
le fer de lance de la JSMB. Celui qui fut un joueur de l’équipe qui bataillait
dans les profondeurs de l’organisation footballistique troqua sa casquette de
joueur pour celle de dirigeant dont la présence à la tête du club en fit, selon
une expression consacrée par les médias, le doyen des présidents de clubs.
Une partie de l’histoire de
la JSMB se confond avec Boualem Tiab qui en fut aussi le sponsor, le
commanditaire et le mécène, c'est-à-dire un pourvoyeur sans limite de fonds.
C’est cette disponibilité financière que les véritables amoureux de la JSMB
retiennent. Sous sa houlette et l’aide des membres de son équipe managériale,
la JSMB connut de beaux jours, une victoire en finale de la Coupe d’Algérie et
de nombreuses places sur le podium du championnat national, une qualification
pour la finale de la Coupe de l’UNAF et une participation à la coupe de la CAF.
Un beau bilan pour l’équipe représentative d’une ville moyenne dont la
pérennité ne tient qu’à un fil, à un individu devenu providentiel.
La lassitude, les problèmes
de santé ont amené B. Tiab (et ses frères) à s’éloigner quelque peu d’un club
devenu professionnel avec un capital social plus élevé et un actionnariat un
peu moins monopoliste, plus diversifié que celui des autres clubs.
Après le retrait (finalement
temporaire) de B. Tiab, la JSMB a été confrontée à une période difficile :
relégation en Ligue 2, sauvetage inespérée d’une nouvelle descente cette
fois-ci en division nationale amateur, une guerre de pouvoir dans les coulisses
du club. Malgré un drame familial, sous la pression des autorités publiques et
de la masse des supporters, Boualem Tiab a consenti à revenir reprendre les
rênes du club. Mais, pour combien de temps ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire