Le monde du football
marche sur la tête. Ne vous trompez pas, il ne s’agit pas de « free
style », cette discipline sportive artistique où le ballon est au cœur des
l’exhibition et des jongleries et que l’on invite pour meubler les mi-temps.
Encore que…..le football, celui que les Américains appellent le
« soccer », tel que pratiqué chez nous y ressemble comme son clone. Si dans le
« free style », la virtuosité est dans la maîtrise du ballon rond,
dans le football (algérien s’entend), elle se trouve elle et avatars
(jongleries et tours de manipulation) dans ses mœurs, ses discours et ses
pratiques.
Depuis toujours, et
avec plus d’insistance depuis la pseudo-professionnalisation de ce sport, on ne
parle que d’argent compté en milliards de centimes, en sous entendant ou en le
disant expressément, que les clubs professionnels ne peuvent survivre sans
l’aide de l’Etat, sans les subventions des wilayas et des APC. Devant
l’incapacité des gestionnaires des SSPA à se prendre réellement en charge, les
pouvoirs publics en sont même arrivés à mettre la main dans les redevances des
contribuables et les revenus de la rente pétrolière pour réaliser (à coup d’une
quarantaine de milliards de centimes par unité) ces centres d’entrainement qui
seraient sous d’autres cieux le minimum exigible pour se prétendre professionnels.
Même le budget de fonctionnement est soulagé par les aides du fonds spécial de
soutien aux clubs professionnels.
Sans le sou (c’est du
moins ce qu’ils disent), les clubs savent rétribuer somptueusement les joueurs (et
les techniciens) fournisseurs d’un spectacle médiocre. Les salaires s’évaluent (pour
des professionnels en devenir, n’ayant place dans les sélections nationales que
par dérogation et obligation de présence au niveau international, ne répondant
pas aux normes exigées par les clubs moyens hors des frontières nationales) à plusieurs
fois le salaire du smicard pour les moins bien lotis et à plusieurs dizaines de
fois celui des professions les plus prestigieuses pour ce qui serait l’élite du
championnat, les « recalés » des championnats des pays voisins, ayant
joué une saison ou deux dans ces pays et revenus dare-dare jouer au paradis du
football où les salaires sont payés avec plusieurs mois de retard.
Le train de vie des
clubs est princier. Déplacements par avion (50% pris en charge par l’Etat),
hébergement et restauration dans les plus grandes enseignes de l’hôtellerie
sont les indicateurs marquants de ce professionnalisme à l’algérienne. On
comprend alors que les budgets (de fonctionnement) soient compris dans un
éventail débutant autour de 20 milliards de centimes pour les plus dépourvus et
les 80 milliards pour les « grands clubs ».
Dans un contexte où le
moindre sou a sa valeur, cette saison les clubs ont estimé que cela n’était pas
encore suffisant pour conserver leurs places en championnat de Ligue 1 où les
positions se modifient d’heure en heure et même de minute en minute en fonction
de l’évolution du score. Relégable à un moment, sur le podium, concerné par les
compétitions continentales une seconde plus tard.
Les primes ont connu
une inflation fulgurante, incompréhensible. Elles sont passées, à l’examen des
déclarations des responsables de club de 50 000 dinars la victoire à
l’extérieur à 200 000 et, selon des annonces de SSPA parrainées par la
compagnie pétrolière ou ses filiales (puis par les équipes concurrentes),
250 000 dinars. Le salaire mensuel d’un haut commis de l’Etat pour
rémunérer 90 minutes de clowneries.
L’autre
trouvaille ingénieuse des dirigeants est celle dite la « motivation
financière » fonctionnant selon des dispositions impudiques de retards de
plusieurs mois de salaires débloqués la veille d’une confrontation importante
comme pour rabaisser, dénigrer encore plus ces joueurs devenus aux yeux du
grand public ces « mercenaires » honnis parce qu’ils réclament leurs
droits contractuels prétendument au nom d’un « chantage de joueurs »
qui en fait est une réponse à un « chantage de dirigeants».
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