samedi 11 juillet 2015

Le "suicide" programmé de la JSM Béjaïa



Béjaïa est connue pour être une cité balnéaire qu’il fait bien de visiter en période estivale. Elle est aussi un pôle industriel assez réputée au niveau national pour certains de ses produits disponibles dans la majorité des commerces de détail. L’huile, la margarine, les eaux minérales, les boissons gazeuses, les dérivés du lait sont portés par de grandes marques : Cevital, Danone, Soummam, Ifri, Candia, Toudja, etc. Des marques que l’on retrouve très souvent sur les maillots d’équipes ou de manifestations sportives qu’elles sponsorisent.
Elle est aussi une métropole sportive réputée pour son haut niveau de pratique en volley-ball, hand-ball, athlétisme, sports de combat. En football, cette discipline qui domine tout le reste, elle fait partie des villes privilégiées dont la caractéristique est que plus d’une équipe dispute les championnats de l’élite (Ligue 1 et 2 professionnelles). Alger la capitale étant hors concours, seule Oran (avec le MCO et l’ASMO) lui dispute ce privilège et la dépasse d’une légère encolure puisque les deux équipes oranaises sont engagées en Ligue 1 alors que Béjaïa est présente en Ligue 1 (MOB) et en Ligue 2, depuis que la JSMB a rétrogradé à la fin de la saison dernière. Sétif pourrait s’intégrer dans cette courte liste si on en élargissait le territoire à la wilaya (ES Sétif et MCE EL Eulma, les deux équipes évoluant en Ligue 1). Tout comme peuvent l’être la wilaya de Blida avec les équipes du RC Arbaâ et USMB évoluant également en Ligue 1 et 2) ou encore celle de Constantine (avec le CSC en Ligue 1 et l’AS Khroub en ligue 2) qui sont dans la même configuration que Béjaïa.
Tandis que le MOB caracole aux avant-postes de la Ligue 1 avec la prétention de décrocher une place en Ligue d’Afrique des champions après avoir remporter, au début du mois de mai, la Coupe d’Algérie lui ouvrant les portes de la seconde compétition continentale (Coupe de la CAF), la JSMB, club doyen de la « Vallée de la Soummam » et de Kabylie, après plusieurs années parmi l’élite, une Coupe d’Algérie et des participations aux compétitions continentales, a perdu ses repères de ce qui semblait une bonne  gestion et s’est retrouvé en Ligue 2  qu’elle a failli encore quitté pour rejoindre la division inférieure dite « division nationale amateur ».
Certains indices laissent penser que le retrait de la fratrie des Tiab (état de santé précaire, démotivation) est à l’origine de ce recul. Sauvée de justesse d’une seconde relégation consécutive, la JSMB est, ces derniers jours, au cœur d’une polémique entre dirigeants et anciens dirigeants et entre ces mêmes dirigeants et d’anciens entraineurs. Entre ceux qui sont actuellement aux commandes et ceux qui le furent. C’est en fait la face visible, la devanture du club qui se déchire sur un fond de tentative de prise du pouvoir démontrant à nouveau que le mouvement sportif est aussi instable que la société civile et que les deux univers sont agités par les mêmes phénomènes sociétaux.
Un illustre inconnu de la saga de la JSMB est apparu sur le devant de la scène pendant l’inter saison. Le sieur Berkati dont le statut au sein du club reste à définir avec exactitude (actionnaire, membre de l’AG du CSA, industriel aux moyens consistants, etc.) car on dit qu’il serait le ₺sponsor officiel ₺ (une autre dénomination floue qui en d’autres temps, ne lui permettrait pas de parler au nom du club) de l’équipe pour avoir dépenser 6 milliards, profitant de l’exposition médiatique et des difficultés rencontrées dans la gestion de l’équipe, prétend entreprendre une révolution et de mettre un terme à la vie juridique de la SSPA en prononçant la dissolution de la société commerciale gérant le club. Une forme de suicide de personne morale.  La mort prématurée est accompagnée par une série de mesures d’accompagnement dont le changement d’une partie importante (50% environ de l’effectif de l’équipe) qui dans d’autres club n’a produit les résultats attendus (CSC, MCA, JSK, etc.) de jouer le titre ou du moins les premiers rôles.
La durée de vie de la SSPA est définie par ses statuts. Généralement, elle est de 99 ans. La « mort » de la société ne peut être décidée que par ses actionnaires. A condition qu’ils en aient la capacité, qu’ils disposent de suffisamment de voix au sein de l’assemblée générale des associés.
Dans le paysage sportif algérien, la SSPA/JSMB présente une configuration particulière. Il n’existe pas si nos souvenirs sont exacts (et s’il n’y a pas eu de modification  fondamentale dans le tour de table de l’actionnariat, l’été dernier avec le retrait de Boualem Tiab et frères) d’actionnaire majoritaire et prépondérant à l’instar de l’USMA Alger, du MAC, du CSC, de la JSS et du MCO). L’actionnariat bougiote n’est pas également dilué. Il est concentré entre quelques mains qu’il faudra convaincre d’aller à cette dernière extrémité. Ce qui n’est pas évident lorsqu’il s’agit de détruire l’œuvre d’une vie. Il est vrai toutefois que les circonstances dramatiques vécues ces dernières semaines pourraient être une incitation à laisser faire, à se désengager d’un lourd fardeau estimé à une dette de plus de 40 milliards de centimes dont 18 milliards aux titres des rémunérations à verser aux joueurs et autres salariés.
Il faudra aussi convaincre de nouveaux actionnaires en vue de la création d’une nouvelle SSPA dont le noyau dur serait sous toute vraisemblance le CSA entouré de commanditaires, simples pourvoyeurs de fonds renflouant les dérives de gestionnaires d’entreprises distribuant à tours de bras des milliards à leurs ₺danseuses₺ préférées à la manière des nouveaux riches industriels européens du 19ème et du début du 20ème siècle.
La dissolution de la SSPA est sans contestation la preuve d’un échec qu’il faudra imputer à un ou plusieurs responsable(s) qui ne pourront être les consorts Tiab lesquels ont toujours su être présents auprès de la JSMB .

      

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